Des contes "comme si on y serait"
Le centre culturel a accueilli une séance de contes absolument formidable mercredi. La Cie Raymond et Merveilles a proposé un parès-midi de contes musicaux très contemporains. Tant le contenu que le "contage" ont permi de basculer le quotidien dans un univers aux saveurs de félicité.
Un joli moment.
C'est l'histoire d'un monstre qui était monstre de huit heures à seize heures parcequ'après, il fallait qu'il aille chercher ses enfants à l'école. Mais c'est pas seulement ça. C'est aussi l'histoire d'une femme qui avait un "tellement gros chagrin" qu'elle acheta un gros chat gris. En fait voilà, ça commence comme ça un tour de (mé)chants par la Cie Raymond et Merveilles.
Pour de vrai.
Guy Prunier se lance dans des récits de quelques mots avant de partir dans un conte qui se passe la nuit. Il est absolument terrible ! Petits et grands s'oublient à l'écouter. Ou à LES écouter, car il faut bien rendre un hommage de choix aux musiciens qui participent, sur scène, à la magie du moment.
C'est drôle ce ton d'enfant, ces moues que l'artiste prend. En fait, chacun a forcément connu ces histoires que l'on nous raconte et qui nous font dire "qu'il fallait y être" sans quoi ça le fait beaucoup moins. Et ben là, dans la salle du centre culturel, on s'y serait cru. C'était comme si on y était, tellement on était dedans, à fond, plongés de pleins pieds dans les histoires de guy Prunier. Un talent de folie ! De l'imaginaire teinté "pour de vrai".
Et chorégraphié, en plus, qu'ils étaient ces contes ! Mimés quasi, en rythme avec la musique. Interactifs.
Et contemporains. Car finalement, même s'ils sont incontournables, ces contes, qui parlent de loups, de rois et de reines, demeurent loin de l'univers des enfants dont on dit sans cesse qu'ils ne savent plus imaginer. Et bien, quelque part, c'est peut-être la volonté de Guy Prunier que celle de faire rêver les enfants à partir de leur quotidien.
Car cette sorcière hyper souple parce qu'elle va au centre social faire de la gym avec ses copines, elle a l'air vraie, non ? Et le Génie de la salière, carrément plus concret que celui des lampes des tavernes lointaines ! Tellement réaliste en plus avec ses fautes de français dont il se fiche éperdument parce que c'est pas ça l'important : "je t'aidera", d'abord, on comprend très bien. Et cette gamine qui pleure parce que personne est rentré chez elle et qu'en attendant le cassoulet refroidit et que c'est trop bête, pour une fois que c'était la fête à la maison, qu'on se disait "youpi du cassoulet !"
LE PROGRES - Mercredi 18 janvier 2006
Les méchants ont la vie dure
Guy Prunier, "conteur, narrateur et chanteur" comme il aime à se présenter, a proposé devant une salle nombreuse, son spectacle "Tour de méchants".
Accompagné de trois musiciens, Jean-Luc Portalier - guitariste, Jean-Christophe Treille - contrebassiste, et Marc Wolff - persussionniste, Guy Prunier a su faire partager ses histoires de méchants avec le jeune public.
Les méchants sont omniprésents dans les contes, ils apportent toujours des rebondissements et, sans eux, comme les histoires seraient monotones !Guy Prunier, chanteur qui parle beaucoup, a proposé un enchainement de contes musicaux qui projettent dans notre imaginaire plusieurs types de méchants. Le géant tout puissant, la sorcière qui par enchantement se démultiplie en 80 sorcières toutes plus méchantes les unes que les autres, le papa monstre qui effraie, le dragon qui éternue parcequ'il a le rhume des foins et provoque ainsi des catastrophes, l'ogre à la retraite et "brin de chat, grain d'amour, coeur de braise, patte de velours" qui a dévoré une vieille dame, un poulet entier, des autos et leurs conducteurs, des pompiers, un général d'armée désarmé, une vache et son petit... Au final, tous ces méchants appportent presque autant de malheurs que de bonheurs là où ils passent, en pimantant les récits.
Un créateur de la région
Il faut féliciter à juste titre Guy Prunier et ses musiciens qui, convaincus que l'art du conte est surtout un art de partage, ont su, avec beaucoup de justesse et une extrême finesse, donner au public, enfants et parents, une part très active dans le déroulement de ces histoires. Ce haut savoyard d'origine réside à Villeurbanne et sillonne avec sa Cie "Raymond et Merveilles", créée il y a 20 ans, les scènes de France et plus particulièrement celles de la région Rhône-Alpes.
LE PROGRES - novembre 2005